Étienne Leroy, chef pâtissier exécutif de la Maison Lenôtre, champion du monde de pâtisserie 2017 et membre du comité d’organisation de la Coupe du Monde de Pâtisserie, nous parle de l’introduction du Show Chocolat dans le concours. Il explique comment cette épreuve a été conçue pour apporter du dynamisme et de la créativité, tout en mettant l’accent sur la scénographie et l’interaction avec le public. Il évoque aussi les réactions des équipes et rappelle que malgré tout, c’est toujours la dégustation qui prime.
Pourquoi avoir instauré l’épreuve du show chocolat ? Quel a été le point de départ de cette réflexion ?
Étienne Leroy : Depuis plusieurs années, la Coupe du Monde de Pâtisserie reposait sur trois grands axes en dégustation : l’entremets glacé, le dessert à l’assiette et l’entremets au chocolat. On a voulu faire évoluer le concours, lui apporter un peu de nouveauté. On s’est rendu compte que l’entremets au chocolat manquait de surprises, qu’il revenait souvent aux mêmes schémas. L’idée était donc de conserver le chocolat – notamment grâce à notre partenariat avec Valrhona – mais en l’intégrant autrement. On voulait lui donner une dimension plus scénographique, plus vivante, pour dynamiser l’épreuve.
Qu’attendiez-vous des candidats avec cette épreuve ?
Étienne Leroy : L’objectif était de créer un véritable show pâtissier. Bien sûr, la priorité restait d’avoir un dessert gourmand et agréable à déguster, mais avec un mode de consommation différent, plus proche du snacking. On voulait aussi un dessert animé, à l’image des prestations de traiteur événementiel. L’idée était que chaque pays apporte sa vision et une scénographie unique autour de la dégustation.

Parmi les différentes mises en scène, quel pays vous a le plus impressionné ?
Étienne Leroy : Honnêtement, ça a été une vraie surprise. Quand on introduit une nouveauté dans un règlement, on ne sait jamais trop comment elle va être interprétée. Il faut s’assurer que les 24 nations comprennent bien l’idée, avec leurs cultures et leurs visions différentes de la pâtisserie. Au début, même moi, j’avais des doutes sur la façon dont ça allait être intégré. Finalement, chaque pays a parfaitement joué le jeu et a proposé des mises en scène incroyables.
L’Italie, par exemple, a utilisé un système d’aimants pour faire léviter ses desserts. La France a mis en avant une scénographie très identitaire avec des bérets, des marinières et une touche de magie. Le Mexique a sublimé son patrimoine en intégrant des éléments forts de sa culture. L’épreuve étant axée sur le patrimoine de chaque équipe, on a vraiment pu voyager à travers ces scénographies.
Quels sont les principaux changements apportés au concours depuis 2019 ?
Étienne Leroy : J’ai remporté la Coupe du Monde de Pâtisserie en 2017 et intégré le comité d’organisation en 2019. Depuis, on cherche à apporter du renouveau à chaque édition. Cette année, le grand changement, c’est le show chocolat. L’an dernier, on avait déjà innové avec une dégustation de sucette glacée. On a aussi réduit le temps d’épreuve d’une heure pour alléger le rythme des équipes. L’objectif, c’est de leur offrir les meilleures conditions pour qu’elles puissent donner le meilleur d’elles-mêmes, mais aussi de proposer un vrai spectacle, que ce soit pour le public sur place ou ceux qui suivent en direct sur Sirha TV.
Le Show Chocolat a créé plus d’engouement et d’interaction avec le public. Comment pourrait-on encore renforcer cette implication tout en garantissant l’équité entre les équipes ?
Étienne Leroy : Faire participer le public, c’est quelque chose qu’on essaie d’accentuer, mais ce n’est pas simple. Il faut absolument préserver l’équité entre les nations. Par exemple, une équipe française aura forcément plus de supporters à Lyon qu’une équipe argentine. L’avantage aujourd’hui, c’est que le concours peut être suivi en direct et que les spectateurs peuvent interagir. On a aussi des commentateurs qui expliquent ce qui se passe en temps réel, notamment la dégustation, parce que ce que le public voit le plus, c’est l’aspect artistique. Pourtant, la note la plus importante reste celle du goût. Notre but est donc de mieux partager cette dimension avec le public.
Avec l’évolution du concours et l’importance croissante de la mise en scène, la dégustation reste-t-elle le critère principal de notation ?
Étienne Leroy : Oui, et ça le restera toujours. La dégustation a toujours eu le plus gros coefficient. On est avant tout dans un concours de gastronomie. Bien sûr, on cherche à rendre la compétition plus vivante et à offrir un vrai spectacle, notamment avec les pièces en chocolat, en sucre ou en glace. Mais au final, ce qui prime, c’est le goût.