Il y a quelques mois, en flânant dans les ruelles pittoresques de Montélimar, j’ai fait une belle découverte : une pâtisserie nichée non loin de la fresque emblématique d’une fillette attrapant à la volée des nougats. Ce tableau vivant, au charme d’antan, reflet de l’âme de la ville, m’a menée à cette boutique où la gourmandise prend une toute autre dimension. Derrière cette enseigne, Yannick Begel et son épouse Charlène nous proposent bien plus que des gâteaux : ils insufflent des histoires, créent des émotions et transforment chaque bouchée en un moment mémorable. C’est sans doute cela, la vraie magie de la pâtisserie : capturer l’instant présent et le sublimer.
En poussant la porte de leur boutique, j’ai été accueillie par le sourire chaleureux de Charlène et Yannick. En vitrine, de belles pâtisseries minutieusement travaillées, aux visuels soignés, m’ont immédiatement mis l’eau à la bouche. Que choisir ? La fraîcheur acidulée de la Miss Citron, l’intemporel Paris-Brest ou l’originalité de la tarte pistache-agrumes ? Il fallait que je reste raisonnable car une dégustation de nougats m’attendait juste après.
Ses pâtisseries allaient bien au-delà de l’attrait visuel ou de leur simple rôle gustatif. Chaque détail portait l’empreinte du travail de Yannick qui s’attache à respecter les saisons, en valorisant des produits fr qualité et en bannissant les colorants artificiels. Cette démarche écoresponsable et sincère sublime chaque création, mettant en avant l’essence même des ingrédients, tout en respectant leur authenticité. Bien mieux encore, ses pâtisseries racontaient une histoire, une émotion, qui se révélaient à traverschaque bouchée, dans chaque contraste de saveurs et textures.
Qui est Yannick Begel ?
Avant de poser ses valises à Montélimar, Yannick Begel a parcouru un chemin riche en apprentissage. Originaire des Vosges, il commence sa carrière en 2006 à Montélimar, aux côtés de Philippe Groult, Meilleur Ouvrier de France. Ce passage dans un établissement d’excellence marque le début d’une quête inlassable de perfection. Il affine ensuite son savoir-faire dans la Drôme, puis en Ardèche, où il devient chef pâtissier à l’Hôtel Helvie. Son talent le mène ensuite aux Étangs de Corot, où il participe à l’obtention d’une étoile Michelin en 2014.
Mais Yannick ne s’arrête pas là. En 2017, il s’envole pour Shanghai, où il rejoint l’école Le Cordon Bleu en tant que formateur, devenant l’un des plus jeunes chefs de cette prestigieuse institution. De retour en France en 2019, il intègre les équipes de Cédric Grolet et Yann Couvreur, deux figures incontournables de la pâtisserie contemporaine, avant de réaliser son rêve : ouvrir sa propre boutique à Montélimar en septembre 2023.
L’art de raconter des histoires à travers les saveurs
Yannick Begel ne se contente pas de maîtriser la technique ou de manier avec brio l’équilibre des saveurs. Son talent réside dans sa capacité à transformer ses inspirations en récits gustatifs. Chaque création est une expression de son vécu, de ses émotions, de ses souvenirs. Par exemple, sa tartelette à la pistache. Elle ne se contente pas d’être belle : elle révèle un équilibre délicat entre la saveur parfumée de la pistache et l’acidité des agrumes. C’est une pâtisserie qui intrigue, interpelle et raconte une histoire d’équilibre, d’audace, de finesse et de subtilité.
De même, son entremets aux noix de pécan, du réconfort à l’état pur. Sous une apparente simplicité, elle cache un joli contraste de textures et de saveurs : une générosité réconfortante, sublimée par une précision dans chaque détail. Ce respect des classiques, allié à une volonté de les réinventer, reflète l’approche sensible et réfléchie de Yannick.
Pour les fêtes de fin d’année…
En cette fin d’année, Yannick a confectionné quatre bûches pour émerveiller les papilles des petits comme des grands. Ces bûches réinterprètent avec audace les saveurs classiques et exotiques :
- La gourmande pécan/vanille, généreuse et réconfortante, où chaque bouchée est une caresse.
- La bûche exotique et dulcey, un jeu d’équilibre entre douceur et fraîcheur.
- Une revisite de la forêt noire, mariage audacieux de la douceur et d’une pointe d’acidité.
- Et enfin, la bûche marron/clémentine, cocon réconfortant, où la tendresse des marrons enlace la vivacité de la clémentine.
HALTE ! LA DÉGUSTATION
Parmi toutes les créations alléchantes proposées en vitrine, mon attention s’est portée sur :
La tarte pistache/agrumes
Une tartelette dont je craignais la lourdeur et qui s’est révélée être très agréable par sa légèreté et ses agrumes rafraîchissants.
Le goût bien nuancé du confit d’agrumes souple à la fois bien acidulé de la clémentine et finement amère du yuzu pondère astucieusement la douceur délicate de la crème montée bien foisonnée à la pistache rectifiant son côté gras par sa fraîcheur vivifiante.Cette crème, foisonnée, révèle un goût parfumé et délicat de pistache. Elle s’affaisse sur la langue avec légèreté, enveloppant le palais d’une onctuosité subtile. Quelques éclats de pistache, disposés avec parcimonie, apportent du craquant qui titille les papilles.. Ces éclats renforcent le caractère délicat de la pistache dans la crème tout en ajoutant une touche de relief à l’ensemble.Sous ce lit raffiné repose un biscuit moelleux, imbibé d’un sirop citron-yuzu, qui apporte une fraîcheur et une vivacité supplémentaires. Son moelleux confère également un confort à la mâche. Enfin, la croustillance délicate de la pâte sucrée clôt cette dégustation en équilibre, offrant une base structurée qui soutient la garniture.Un jeu parfaitement orchestré de textures et saveurs, où chaque élément trouve sa place pour sublimer l’ensemble.
Le pécan
Une bouffée de réconfort et de générosité.
Ma cuillère glisse à travers le glaçage et parcourt les strates. La dégustation commence par une belle graduation aromatique autour du pécan : la crème légère dévoile des notes boisées subtiles, intensifiées par le croustillant praliné au goût prononcé exaltant davantage les arômes. Ce croustillant trouve un écho dans les noix de pécan torréfiées. Leur croquant, mêlé à une fine amertume, apporte de la profondeur contraste avec la rondeur éthérée de la mousse à la vanille.Le caramel, suave et enveloppant, lie le tout, ajoutant une onctuosité gourmande. Enfin, le biscuit moelleux, tendre et réconfortant, complète l’ensemble en offrant un confort soyeux à la mâche.Une création équilibrée où chaque détail sublime l’essence même du pécan.
Une adresse à ne pas manquer
Si vous passez par Montélimar, ne manquez pas cette pépite. Yannick Begel n’est pas qu’un pâtissier : il est conteur et créateur d’émotions. Sa pâtisserie, à la fois raffinée, sincère et délicate, est une parenthèse de bien-être au cœur de la Drôme.
