Amicha : quand la pâtisserie retrouve son âme à Trouville

Charlotte Huault est une pâtissière au cœur tendre et à l’énergie solaire, qui rayonne par sa douceur, son naturel pétillant et sa passion sincère pour son métier. Derrière sa personnalité et ses créations, on sent une femme engagée, sensible et habitée par ses convictions. Elle incarne une pâtisserie vivante, délicate, raffinée, généreuse et profondément humaine, qui trouve enfin son écrin, puisqu’à la mi-juillet, Charlotte et son associé Amine ouvriront les portes d’”Amicha”, leur boulangerie-pâtisserie sur la côte fleurie de Trouville-sur-Mer.

Un retour aux sources normandes

Originaire de la côte normande, Charlotte revient enfin à ses racines après un parcours parisien vertigineux  : « Je viens de Normandie, de Deauville-Trouville. J’ai grandi dans ce coin-là », confie-t-elle. Ce retour n’est pas un hasard : c’est l’aboutissement d’une vision, devenue avec l’expérience, plus claire, celle de redonner ses lettres de noblesse à l’artisanat pâtissier dans une région qu’elle chérit particulièrement.

Dès l’âge de huit ans, Charlotte commercialisait déjà des macarons à ses voisins :
“ À huit ans, je savais faire des macarons”,  soutient-elle avec un sourire dans la voix, en évoquant cette précocité qui annonçait déjà sa vocation.

Même pendant ses années lycée, elle savait qu’elle voulait aller au bout du bac pour intégrer ensuite l’école Ferrandi, attirée par : “ce double cursus avec entrepreneuriat”.
Une vision entrepreneuriale qui ne l’a jamais quittée : “J’ai toujours eu en tête de monter mon entreprise quand le temps le permettrait.”

Car Charlotte, c’est aussi une âme généreuse, très investie dans le bénévolat, notamment au Secours catholique. Elle a même été bénévole en Inde, à la Vidyashilp Academy.
Son humanité transpire dans chacune de ses paroles, de son parcours et de son projet.

Une formation au service de l’artisanat qui force l’admiration

Le parcours de Charlotte force l’admiration par sa rigueur et la cohérence de son cheminement. Après son Bac ES, elle intègre l’école Ferrandi où elle décroche son CAP post-bac en 2020, puis sa “mention complémentaire en pâtisserie, glacerie, confiserie et chocolaterie” en 2021. Elle pousse encore plus loin avec un BTM au CMA de Versailles, obtenu en 2023 :“ Le BTM m’a permis d’obtenir la mention “artisan”. J’adore la glace, alors je voulais apprendre à en faire. L’idée, c’était aussi de développer toutes ces compétences petit à petit.”

Cette soif d’apprentissage se reflète dans ses expériences professionnelles qui dessinent son parcours. Ses premiers pas l’ont menée au groupe Barrière de 2016 à 2017, puis à des expériences courtes mais formatrices : commis cuisine extra au festival So Good, extras chez Maison Aleph, avant un stage déterminant chez Christophe Michalak en 2019 et à la boulangerie-pâtisserie « Le Temps et le Pain » dans le 14e arrondissement parisien.

Le tournant de sa carrière s’amorce au Georges V (Paris) de 2021 à 2022, sous la houlette du talentueux chef pâtissier Michaël Bartocetti, où elle découvre alors l’univers du palace et l’exigence de l’excellence. Cette expérience lui forge « un ADN créatif » centré sur « le rapport aux produits nobles, au sourcing” très important pour elle. Car Charlotte cultive depuis toujours cette passion pour l’origine des produits : “Je collectionne les épices dans mon appartement et connaître leur origine est très important pour moi. En général, je choisis mes destinations de voyage selon ce que je peux y découvrir et sourcer.Son parcours se poursuit avec le chef Jeffrey Cagnes de 2022 à 2023, puis une expérience marquante comme cheffe pâtissière au groupe Fuga Family, où elle chapeaute trois restaurants parisiens : Francette au pied de la tour Eiffel, Riviera Fuga au Pont Alexandre III proposant une cuisine fusion Japon-Italie, et Laia dans le 11e arrondissement aux notes culinaires méditerranéennes : « 7 jours sur 7, je chapeautais les trois restaurants, les trois équipes. C’était vraiment intéressant et challengeant », se souvient-elle avec enthousiasme.

Son dernier poste avant l’entrepreneuriat ? La Recherche et Développement chez Cyril Lignac aux côtés du chef Benoît Couvrand :  » C’était exactement ce que j’avais en tête dès que j’étais sortie de l’école Ferrandi ». Une expérience très formatrice qui restera gravée dans sa mémoire grâce à la bienveillance du chef Couvrand.

L’épreuve du Covid : révélateur de sa vocation

C’est finalement pendant la crise sanitaire que Charlotte découvre sa vraie voie : « Pendant le Covid, je me suis retrouvée une semaine sur deux à ne pas pouvoir travailler parce qu’il y avait une équipe A et une équipe B. J’ai donc pris la décision de développer mon auto-entreprise dans la région et c’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il ne fallait pas aller ailleurs. »

Cette période lui révèle l’évidence : pourquoi chercher ailleurs quand tout est là, sous ses yeux ? « Je me suis posé la question: est-ce que j’irais pas dans le Sud ? Est-ce qu’en Bretagne ça ne serait pas mieux ? Mais dans le Sud, il y a beaucoup trop de concurrence. Pourquoi ne pas trouver un entre-deux ? » Et puis elle visite un premier fonds de commerce à Trouville et elle s’est dit : “c’est ici que je veux installer ma pâtisserie ! On a une belle population parisienne car on n’est pas loin de Paris et de la Normandie. Beaucoup de gens ont une résidence secondaire ici à Deauville-Trouville. »

Jeffrey Cagnes, un mentor bienveillant

Dans cette impressionnante trajectoire où rien ne l’arrête, une rencontre a particulièrement marqué Charlotte : celle avec le chef pâtissier renommé Jeffrey Cagnes : « Il m’a vraiment pris sous son aile. Il m’a appris toutes les ficelles du métier. Le geste du pâtissier qui aujourd’hui tend quand même parfois à disparaître dans certaines pâtisseries où il y a beaucoup de moules en silicone alors que, pour lui, le geste pâtissier c’est très important ! »

Jeffrey Cagnes incarne pour Charlotte l’essence même de la transmission :  « À la Maison Stohrer, c’est lui qui faisait tout à la main. Il ne pesait rien. Le grammage était dans sa main. Il a un génie créatif, une créativité instantanée et c’est assez exceptionnel. » soutient-elle pleine d’admiration pour son mentor bienveillant.

Au-delà de la technique, c’est l’humanité de ce chef qui l’a touchée : « Ce qui compte pour lui, c’est l’importance de la transmission et d’être à la même hauteur que ses équipes et ça, c’est très rare. Il a une manière de traiter ses équipes avec une bienveillance que je trouve vraiment rare de nos jours. Surtout, qu’il traite la femme à l’égal de l’homme « 

La naissance d’Amicha : le projet ambitieux de deux amis 

Le nom « Amicha » n’est pas le fruit du hasard. C’est la contraction de Charlotte et Amine, son associé rencontré à Ferrandi : « Je voulais quelque chose qui ne soit pas impersonnel, je voulais quelque chose de différent », explique-t-elle. Dans le logo, une petite abeille rappelle une autre passion de Charlotte : l’apiculture : « En parallèle de mon brevet technique des métiers, j’ai fait mon mémoire sur les produits d’apiculture et j’ai fait une formation en apiculture. »

Amine, fils de boulanger, apporte sa complémentarité dans ce projet. Également formé à Ferrandi, il se chargera dans un premier temps du développement de la boulangerie et de la viennoiserie« . Quant à Charlotte, elle s’occupera de la pâtisserie, du snacking, de la confiserie et de toutes les ventes additionnelles.

Une pâtisserie authentique et engagée

L’offre d’Amicha reflète la vision de Charlotte : « Toute notre boutique sera axée sur la mise en valeur des produits authentiques. Pas de surplus, pas de masse, l’essentiel ! Il faut revenir à l’essentiel. » insiste-t-elle.

Au programme : des classiques revisités comme le Saint-Honoré, la tarte au chocolat, la tarte citron meringuée mais toujours avec « un petit twist » souligne-t-elle. Le Paris-Brest aura une saveur particulière grâce aux noisettes du jardin de son grand-père : « Mon grand-père a des noisettes dans son jardin et j’ai toujours fait mes pâtisseries maison à partir des noisettes du jardin de mon grand-père. » Une volonté pour la cheffe de préserver un lien émotionnel et authentique avec ses origines, ses souvenirs, et ses valeurs familiales.

Charlotte développera aussi sa gamme signature avec des pochages en forme de fleur, déclinés au fil des saisons, selon les fruits frais et les fruits secs disponibles. On peut déjà voir ces créations teintées d’élégance sur son compte Instagram : Saint-Honoré, tarte citron-basilic ou encore tarte framboise-sarriette, toutes illustrent son attachement aux gestes authentiques du pâtissier. 

Son attachement aux produits d’excellence se retrouve également dans son partenariat avec Elle & Vire, marque qui résonne avec son histoire familiale : « Mes deux grands-pères travaillaient chez Elle & Vire, donc j’ai un attachement à leurs produits pour toutes ces raisons et cette histoire familiale. J’ai toujours baigné dans la crème Elle & Vire. »

Sans oublier la confiserie maison, les pâtes de fruits, les confitures, et une collection de cakes inspirée de ses souvenirs d’enfance : « C’est une recette que j’ai mis longtemps à mettre en œuvre pour obtenir un cake qui se conserve dans la durée et qui soit très moelleux, à la limite de l’onctueux. Je me rappelle des souvenirs de l’ancienne recette du Savane quand j’étais petite où la pâte fondait littéralement en bouche tant elle était onctueuse. »

Charlotte pense même aux détails locaux avec ses madeleines en forme de coquilles Saint-Jacques : « On est en bord de mer. On va essayer de faire des petits rappels. C’est cohérent et ça fera plaisir aux normands. »

La richesse du terroir normand : source d’inspiration

Charlotte a une réelle obsession pour la traçabilité de ses produits : connaître l’origine de chaque ingrédient est pour elle une condition non négociable : On utilisera la farine du moulin Paul Dupuis à Gournay-en-Bray, en circuit court et local”, précise-t-elle. Mais c’est avec Patrick Cholet, des Cadres Noirs Percherons, que naît une vraie complicité. Cet apiculteur chevronné, fournisseur de grands chefs et de restaurants étoilés, fascine Charlotte par la qualité et la singularité de ses produits :
« C’est quelqu’un qui fait du miel d’exception », raconte-t-elle, admirative. Miel de carottes, miel de sarrasin… des variétés rares qui témoignent de son engagement artisanal profond, en parfaite adéquation avec la démarche de Charlotte : allier excellence, saisonnalité, et ancrage local.

Charlotte, c’est une amoureuse des abeilles jusqu’au bout des ongles. Elle ne se soigne qu’avec l’apithérapie, remplace son café matinal par « du pollen avec du jus de citron et de l’eau chaude. Le pollen de fleurs  a des vertus énergisantes naturelles, ça éloigne les maladies, ça renforce le système immunitaire.«  Une routine qui lui donne cette énergie si solaire.

En Normandie, Charlotte connaît ses producteurs sur le bout des doigts : « Il y a beaucoup de vergers dans le coin, donc tout ce qui est pommes, poires, il y a ce qu’il faut. Les fraises, il y a un super fournisseur à Falaise, qui fait des fraises exceptionnelles, généreuses, magnifiques. »

Pour les produits qui viennent d’ailleurs, Charlotte et Amine ont une approche bien à eux : « Notre projet, c’est de sourcer à proximité et savoir sourcer à distance aussi. On veut axer nos temps de fermetures annuelles pour des voyages professionnels, pour aller sourcer. » 

Charlotte voyage toujours avec une idée précise en tête : “Lorsque je voyage, je choisis mes destinations en fonction de ce que je peux aller sourcer. Je suis allée il y a un mois en République Dominicaine pour les plantations de fèves de cacao un peu moins connues. » Une partie de la boutique sera même dédiée aux épices, découvertes lors de leurs voyages, qu’ils utilisent dans leurs créations.

Cette approche s’enracine dans l’éducation reçue de ses grands-parents : « Mes grands-parents m’ont transmis ces valeurs-là d’autosuffisance. Mes grands-parents se produisent entièrement en fruits et légumes à l’année avec leur propre potager. Les seules choses qu’ils vont acheter, c’est les laitages et la viande. En poisson, ils sont aussi autosuffisants. Mon grand-père fait de la pêche à pied et il fait de la pêche en rivière » insiste  avec fierté la jeune cheffe.

La fidélité réinventée au sein d’Amicha

Charlotte et Amine cassent les codes de la boulangerie traditionnelle :  « Tout le monde nous a beaucoup parlé de remettre au goût du jour la fidélité des clients », raconte Charlotte, « mais notre projet, ce n’est pas d’acheter 10 baguettes pour avoir la onzième offerte. »

Leur vision ? Emmener leurs clients les plus fidèles au moulin pour une visite, leur proposer des ateliers macarons dans leur boutique, leur montrer où ils récoltent les pommes, où ils vont chercher la farine :  « Nous, on voit la fidélité plutôt dans ce sens-là. Dans le sens de la transmission. Vous venez souvent, mais nous, on va vous intégrer à notre quotidien. »

Charlotte a pensé chaque détail de sa boutique dans cette optique de proximité« La vitrine réfrigérée, on l’a choisie un peu basse. Je ne suis pas une femme d’un mètre quatre-vingt-dix, mais c’est surtout pour éviter d’avoir cette barrière entre le client et la vendeuse. » Elle veut que sa vendeuse puisse passer de l’autre côté, conseiller, se mettre à la hauteur du client.

Charlotte l’a déjà expérimentée pendant les travaux : « Quand on laisse la porte ouverte, tout le monde s’arrête, vient se présenter, nous poser des questions. On trouve que c’est très convivial.«  À Deauville-Trouville, ajoute-t-elle, « c’est très familial. Les regroupements familiaux, ils aiment profiter, passer du bon temps. Ils ne sont pas stressés comme à Paris. »

Cette volonté de proximité répond à un besoin plus profond de notre époque : dans un monde de plus en plus axé sur les portables et réseaux sociaux, les consommateurs cherchent l’authenticité et le lien humain. En transformant la fidélité transactionnelle en fidélité relationnelle, Charlotte et Amine créent bien plus qu’une boulangerie : un lieu de vie et d’échange où chaque client devient acteur de l’histoire d‘Amicha.

Une ouverture très attendue par les normands !

Si tout se passe bien, Amicha ouvrira ses portes le 17 juillet. Charlotte et Amine font eux-mêmes une partie des travaux : « J’ai cette éducation-là de voir les choses se faire par moi-même. J’ai besoin de remettre mon pied dedans pour comprendre d’où on vient. C’est important pour nous de mettre la main à la pâte” et les Trouvillais s’arrêtent déjà devant la boutique en travaux, curieux de voir naître ce qui promet d’être bien plus qu’une boulangerie mais un lieu de vie où créer du lien.

 Dans un monde où tout s’accélère, ils choisissent de prendre le temps, le temps de bien faire, de transmettre, de créer du lien. Leur pâtisserie sera à leur image : authentique, généreuse, humaine.

Avec Amicha, Charlotte Huault ne se contente pas d’ouvrir une pâtisserie. Elle porte un projet de vie, une vision de l’artisanat qui réconcilie excellence, respect du terroir et humanité. À Trouville, la pâtisserie retrouve enfin son âme !

Crédit photos : Charlotte Huault

Quand ? Ouverture le 17 juillet 2025

Où : AMICHA – 118 RUE DU GENERAL DE GAULLE – TROUVILLE-SUR-MER

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